(HABITATIONS I) ici, les taupes les plus craintives se retrouvent et dorment, se lèvent, se trainent et enfantent, les enfants jouent aux yeux de cristal contre les dalles de pierre froide. Semblable à un immense coffre de bois moisi sur les bords, humide, il est si bien caché entre les ruelles étroites de la ville que peu de taupes savent qu'on y entre en soulevant une trappe à peine visible entre les pavés. L'endroit ressemble à s'y méprendre à un immense bordel fait de trappes qui mènent toujours plus bas jusqu'aux, dit-on, entrailles mêmes de la vieille terre. Les taupes qui y vivent n'ont pas peur de se brûler le bout des pieds...

(HABITATIONS II) taupes joyeuses, ivres et aux dents longues vivent dans ces immenses et interminables galeries creusées dans la montagne d'iboire, aux abords de la ville. Un froid glacial y règne, environ -10 degrés constants, mais l'alcool chauffé à blanc de Skellington réchauffe largement les taupes qui y font la fête du matin au soir. Mal famée mais ô combien divertissantes, la montagne d'iboire accueille toutes les têtes brûlées de la ville. On dit que ceux qui vivent là bas ont la tête dans les étoiles.

(HABITATIONS III) repère sacré des taupes violentes, agressives, on ne s'y promène pas à moins d'avoir une bonne raison d'être là. Non loin de la colline se dresse un arbre sans feuilles, aux branches si maigres et si longues qu'il ressemble, à s'y méprendre, à une cape entièrement déchirée en lambeaux. Sur chaque branche est pendu un long serpent. On accède au repère en se faufilant entre les serpents et dans le creux laissé par l'écorce. A l'intérieur du tronc, un minuscule tube dans lequel il convient de se laisser glisser pour atterrir dans une gigantesque ruche de bois. Hamacs pendent tout le long de l'appartement tout à la verticale qui semble s'enfoncer bien trop bas dans la terre.

(STOCKAGE) la colline aux hurlements. On y envoie les enfants trop sages dont on veut se débarrasser, car les nuits de pleine lune, des hurlements retentissent dans le cosmos, qui aspirerait les angelots en un bruit de succion à donner la chair de poule. C'est aussi sur Hillk qu'on peut récolter le précieux lait de lune empoisonné et les larmes brûlantes des étoiles (dont une seule gorgée rend fou). Les amateurs de potions expérimentales adorent s'y risquer, mais les enfants évitent de s'y rendre, sauf si l'un d'eux en a reçu le gage de la part de ses camarades...

(ANGOISSE) Memorty est pire que toutes les prisons de l'univers, pire que les monstres et que tous les dragons, croques-mitaines du monde. yeux décharnés, gueule tranchante et béante, la grotte aspire contre sa langue les monstres trop curieux et leur murmure à leur fendre la tête leurs souvenirs les plus secrets et les plus enfouis dans l'inconscient. les monstres se bouchent alors les oreilles en pleurant de l'urine mauve jaillissante de leurs yeux révulsés, et se balancent de haut en bas. De temps en temps, pour se punir d'un trop bon comportement ou de l'absence de péché, les taupes se jettent entre les dents de Memorty.

(CRÉATIONS) lumières froides, éclats métalliques, goût de fer et de sang contre la langue, hurlements déchirants des poupées auxquelles on arrache les bras, viens donc rencontrer le professeur fou, celui qui sait tout, un couteau ensanglanté toujours dans la main, un rouge inquiétant aux joues dans le froid de l'hiver, une mélodie résonne comme des goutes de pluie contre le fond d'un puits. vitres explosent rossignols murissent et se font manger dévorer digérer odeurs de putréfaction dans le laboratoire attention. il y a des vers de mer dans mon citron.

(JEUX) et dans la boue, dieu forma l'homme, puis la femme, puis les êtres de la terre qui virent absorber les fruits des arbres de l'eden. et dans la boue, les taupes chassent les enfants crottés et forment des frères, et des soeurs, immense fabrique de monstres putrides. ceux qui naissent des flaques de boues sont les anges de skellington, plus beaux et plus profonds que les autres, à l'image sublimée de leurs créateurs. là dans l'eau épaisse et putride, il s'arracha les bras, et forma son aimée. en voulant l'embrasser, elle le dévora. C'est drôle comme les enfants taupes adorent pourtant venir jouer là.

(CASINO) on lèche les murs de la tour de mise, on frotte sa langue goulue contre ses briques sucrées et piquantes comme un intérieur tiède de femme rousse, et l'on pénètre en un gémissement dans l'antre ronde où tout se joue. un morceau de ton âme, le téton de ta soeur, une dent de ton père, une flopée de souvenirs, un flacon de lait lunaire, un peu de ce délicieux liquide bleu qui coule entre tes veines, mais dis-moi, petit, sais-tu jouer aux cartes, et faire sortir des mensonges roses entrelacés du fond de ta cervelle?